Coup de gueule#22
#transitionécologique

Ceci n'est pas une chaussure...

Ⓒ Collectif pour Romans | Enième chaussure à l'angle des rues Jacquemart et du réservoir

Les amoureux·ses de la nature ont cru un court instant que la municipalité allait végétaliser la ville… Que nenni ! Les quelques mètres carrés d’herbe concédés au béton ont servi à installer deux nouvelles chaussures géantes !

“Un monument est une œuvre érigée avec l’intention précise de maintenir à jamais présents dans la conscience des générations futures des événements et/ou des faits humains particuliers”, Aloïs Riegl.

Une œuvre d’art est la création d’un artiste. Ces chaussures ont été commandées à des ateliers de Besayes (produits en matériaux composites) et de Choisy-le-Roi (fournisseur d’Eurodisney).

Ni monument, ni œuvre d’art, alors quelle intention prêter à ces installations ?

Sans doute, la municipalité pense-t-elle accroître l’attractivité de la ville en surprenant le touriste et en lui rappelant que Romans est la ville de la chaussure. Mais pour les Romanais·es, ces chaussures géantes en plastique ne rendent pas hommage au savoir-faire artisanal des ouvrier·ères du cuir. Oubliant le glorieux passé ouvrier de la ville, Mme Thoraval a uniquement fait graver son nom dans le marbre… pardon, le plastique.

La Ville de Romans veut se donner des airs de parc d’attractions ciblant le tourisme avec  musée, boutiques de luxe, cafés et restaurants au-delà du raisonnable. Ces chaussures, installées bien en évidence devant tous les axes de passage de la commune en sont un nouvel exemple. 

Diminuer le bazar urbain

Dans son livre “Ceci n’est pas une tulipe. Art, luxe et enlaidissement des villes”, Yves Michaud décrie le bouquet de tulipes gigantesque (12 m de haut et 30 tonnes quand même !) offert en 2016 par l’artiste Jeff Koons et “parachuté en plein Paris sans que personne n’ait rien demandé”. L’auteur propose un moratoire d’équipement et de décoration, dans le mouvement Slow City, pour réduire le “bazar urbain”, en limitant, voire en enlevant du mobilier urbain qui sature l’espace public, gêne  la circulation et agresse la vue. Il propose également que les centres ville soient laissés tranquilles pour mieux s’occuper des quartiers périphériques et banlieues laissées à l’abandon. Les aménagements devraient résulter de décisions prises par les habitant·es et pas “de manière arbitraire et impériale”.

Chaque chaussure coûte environ 30 000 euros, soit la diminution annuelle du budget des écoles ou 12 fois le budget annuel alloué à tou·tes les habitant·es des quartiers Nord de Romans pour entretenir les locaux de la MQColuche. Ces sommes auraient pu être consacrées plus utilement à la transition écologique, à la lutte contre la précarité ou à la justice sociale.


1 commentaire

Lisa · 17 février 2022 à 10 h 33 min

Si ça c’est de l’art, alors Eurodisney et le parc Astérix sont des succursales du Louvre!! ;-)) A croire que le bon goût de notre chère reine-maire est à l’égal de son honnêteté politique : on les cherche encore!

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