Coup de projecteur#3
#transitionécologique

Pour une cantine municipale, 100% bio et locale ! (partie 1)

Un sujet incontournable pour les municipales 2020

Depuis les élections européennes, l’écologie est un point important de (presque) toutes les listes ! Parmi les sujets de prédilection : les cantines bio ! Des communes, telles que Barjac, Mouans-Sartoux ou Grande-Synthe, ont fait le choix, depuis plus 10 ans pour certaines, de passer au 100% bio, mais c’est loin d’être la norme !

Repas distribué à la cantine de Mouans-Sartoux

Dans l’article 11 du projet de loi “Pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable”, il est imposé “à la restauration collective publique de servir, d’ici à 2022, au moins 50 % de produits durables ou de labels de qualité, avec un minimum de 20 % de produits bio”.

L’agriculture durable, contrairement à l’agriculture biologique, n’a pas de cahier des charges, mais le projet précise que parmi les aliments autorisés il y a : des labels (Label rouge, AOP, IGP, les spécialités traditionnelles garanties), des écolabels, des mentions valorisantes (“montagne”, “fermier”, “produit de la ferme”, “produit de montagne”, “issus d’une exploitation de HVE” ). Bref, c’est très large.

Je m’attarde un peu sur la mention HVE (Haute Valeur Environnementale), parfois comparée en terme d’exigences à l’agriculture biologique… Son cahier des charges est composé de 25 critères répartis en 4 thématiques (préservation de la biodiversité, stratégie phytosanitaire, gestion de la fertilisation et gestion de la ressource en eau). Pour être certifiées et pouvoir utiliser le logo (niveau 3), les exploitations doivent au choix : 

          – Obtenir un minimum de 10 points sur 30 sur les quatre thématiques, soit un seuil très bas de 40 sur 120. Avec cette option, les agriculteurs·trices vertueux·ses ne sont pas différencié·es de celles·ceux qui sont au ras des pâquerettes…

       – Remplir, sans aucune considération pour les 25 critères, 2 conditions : il faut des haies ou des prairies permanentes, qui doivent respectivement représentées 10% et 50% de la superficie agricole utilisable de l’exploitation, et les intrants ne doivent pas dépasser 30% du chiffre d’affaires…

Enfin, il n’y pas d’exclusion d’usage des pesticides classés CMR (Cancérigène, Mutagène ou Reprotoxique), des perturbateurs endocriniens ou encore des OGM…

Qu’est-ce qu’il y a au menu ?

La ville de Romans a fait le choix de développer les aliments issus de l’agriculture biologique en proposant aux enfants au moins un produit bio par jour et un repas complet par semaine.  Elle respecte aussi les demandes gouvernementales et propose un repas végétarien hebdomadaire. Cet effort, il faut le poursuivre et le développer ! En 2018, l’association GreenPeace dans sa campagne “Deux fois trop de viande dans les cantines” a montré que la proportion de viande et produits laitiers était bien plus élevée que les recommandations nutritionnelles de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). Cela a des conséquences sur la santé (surpoids, obésité) mais aussi sur la planète. A lui seul, l’élevage industriel est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial !

Les locaux de Terres de Cuisine à Romans

La mairie a fait le choix de passer par un prestataire pour s’occuper des repas de nos enfants et de nos ancien·nes. Ce prestataire, c’est Terres de Cuisine. Son siège social est basé à Avignon, mais, depuis 2017, un atelier est implanté à Romans. Parmi les engagements de cette société, on peut retrouver : “près de 100% des viandes d’origine française”, “plus 30% d’aliments issus de l’agriculture biologique ou raisonnée”, “[des] fruits et légumes frais (hors produits exotiques)”.

“30% d’aliments issus de l’agriculture biologique ou raisonnée”

Je suis toujours un peu gênée de voir associer les agricultures biologique et raisonnée, ça laisse entendre qu’elles se ressemblent et utilisent les mêmes procédés. Pourtant, l’agriculture raisonnée ne fait pas l’unanimité, notamment pour les associations environnementales telles que Générations Futures ou les Amis de la Terre. Pour faire court, mais pas trop, l’agriculture raisonnée utilise quelques méthodes de lutte biologique, mais sans perdre de vue l’objectif final : la rentabilité. Les grands procédés de l’agriculture chimique restent la référence : utilisation d’engrais minéraux et de pesticides de synthèse, d’antibiotiques, monoculture… MAIS, contrairement à l’agriculture conventionnelle, les exploitations dites “raisonnées” doivent respecter un cahier des charges qui contraint les agriculteurs·trices à respecter les dosages, alterner les produits pour éviter la résistance, ne pas traiter lorsqu’il y a trop de vent… Ce qui semble être le minimum, non? 

Parmi ses soutiens on retrouve entre autre le réseau FARRE (Forum des Agriculteurs Responsables Respectueux de l’Environnement) qui regroupe notamment : l’UIPP (Union des Industries de la Protection des Plantes) et l’ANIA (Association Nationale professionnelle pour les engrais et les amendements)…

Champ en agriculture raisonnée

“[des] fruits et légumes frais (hors produits exotiques)”

On parle beaucoup, à raison, du réchauffement climatique et des catastrophes naturelles qui en découlent. Au mois de novembre, 11 000 scientifiques (climatologues, biologistes, physiciens, chimistes, agronomes…) issus de 153 pays ont lancé un nouvel appel pour l’urgence climatique. Ils·elles prônent une transformation des modes de vie pour éviter le pire. Nous pourrions commencer à contribuer en cessant d’importer des aliments exotiques et qui doivent être transportés par avion pour être consommables. N’oublions pas que 2 % des rejets mondiaux de CO2 sont émis par les avions ! Nous pourrions donc, a minima, consommer des fruits et légumes produits en France ou dans les pays limitrophes, l’idéal étant bien entendu de favoriser les producteurs locaux !

L'exploitation Teragaia de Peyrins produit ses fruits et légumes en permaculture

“Près de 100% de nos viandes sont d’origine française”

Produire français c’est bien, produire avec des conditions d’élevage, de transports et d’abattage respectant le bien être animal, c’est mieux. Comment savoir, sans label, quelle vie ont eu les animaux avant de finir dans notre assiette ? L’association L214 met régulièrement en lumière, de manière controversée, des pratiques douteuses utilisées dans certains abattoirs, la dernière en date ne remonte qu’au 20 février… De nombreuses associations de protection des animaux dénoncent les mauvaises conditions que subissent les animaux : poussins mâles broyés, porcelets castrés à vif… De plus, on ne parle pas assez de l’impact de la déforestation importée. Je m’explique : 87 % du soja utilisé en Europe (deuxième importateur mondial) sert à l’alimentation animale : 50 % pour la volaille, 24 % pour l’élevage porcin, 23% pour les bovins (vaches laitières et à viande confondues). Pour nourrir toutes ces bêtes, il faut produire du soja en grandes quantités. Nous sommes donc passés de 144 millions de tonnes en 1997 à 352 millions de tonnes en 2017. Ce soja est notamment produit en Amérique du Sud (Brésil, Argentine, etc.) au détriment de la forêt amazonienne…

Sources :

1ère partie : Un sujet incontournable pour les municipales 2020

 – Élections municipales : comment les cantines bio se sont imposées dans les programmes.     [En ligne]. Huffingtonpost, 2020 [consulté le 26 février 2020]

 – Ici, les cantines scolaires sont 100% bio et ça ne coûte pas plus cher ! [En ligne]. Mr Mondialisation, 2020 [consulté le 26 février 2020]

 – Cantines bio : ça marche et c’est moins cher [En ligne]. Reporterre, 2018 [consulté le 26 février 2020]

 – Projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable. [En ligne] Assemblée nationale, 2018 [consulté le 26 février 2020]

 – Certification Environnementale des Exploitations Agricoles (Niveau 3 – Option A) [En ligne]. Agriculture.gouv, 2016 [consulté le 26 février 2020]

 – Certification Environnementale des Exploitations Agricoles (Niveau 3 – Option B) [En ligne]. Agriculture.gouv, 2016 [consulté le 26 février 2020]

La Haute Valeur Environnementale : un système agricole durable ? [En ligne]. Générations Futures, 2019 [consulté le 26 février 2020]

2e partie : Qu’est-ce qu’il y a au menu ?

 – FARRE : l’Agriculture Raisonnée ou… un drôle de réseau de “protecteurs”. [En ligne]. Les Amis de la Terre, 2009 [consulté le 26 février 2020]

 – L’agriculture raisonnée : ce n’est pas une alternative aux pesticides. [En ligne]. Générations Futures, 2017 [consulté le 26 février 2020]

 – Agriculture raisonnée vs. agriculture intensive : des modèles qui ont montré leurs limites ? [En ligne]. GEO, 2017 [consulté le 26 février 2020]

 – Crise climatique : l’appel de 11 000 scientifiques pour éviter des « souffrances indescriptibles » [En ligne]. Le Monde, 2019 [consulté le 5 mars 2020] 

 – Prendre l’avion pollue encore plus qu’on ne l’imagine [En ligne]. Slate, 2019 [consulté le 5 mars 2020]

 – Dordogne : nouvelle vidéo-choc de l’association L214 contre l’abattoir industriel Sobeval [En ligne]. France 3, 2020 [consulté le 5 mars 2020]

 – En Europe, l’élevage industriel « accro » au soja d’Amérique latine [En ligne] Le Monde, 2019 [consulté le 5 mars 2020]

 – Deux fois trop de viande à la cantine [En ligne] GreenPeace, 2018 [consulté le 5 mars 2020]

J. V.


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