Coup de gueule#6
#transitionécologique

Comme un arbre dans la ville

Dans un numéro de septembre de l’Impartial, on pouvait lire un bel article : « Les arbres voyageurs s’arrêtent à Romans ». Si de beaux spécimens semblent résister à la sécheresse, on pourrait aussi et malheureusement organiser un « circuit des arbres morts », très nombreux sur la ville de Romans. Les sécheresses à répétition, la grêle du 15 juin 2019 et la neige du 14 novembre 2019 sont pour beaucoup à l’origine de cette hécatombe, mais pourquoi, après les marronniers décimés, ajouter l’abattage récent d’un magnifique platane devant le restaurant « La Charrette » et de l’unique arbre de la rue de la Pêcherie ?


En 2015, les platanes place Perrot de Verdun avaient été sauvés par la vigilance citoyenne, alors qu’ils étaient promis à l’abattage “à cause de leur maladie”… pas du tout avérée : des spécialistes étaient venus donner des arguments aux citoyen·nes en confirmant que les arbres étaient en bonne santé (l’un d’eux avait juste été abîmé vraisemblablement par un véhicule, créant une cicatrice boursouflée sur un tronc).

Quelques années plus tard, la mairie avait tiré la leçon de cette mobilisation et avait su détourner l’attention des habitant·es pour l’abattage des grands platanes faisant tant d’ombre sur le Champ de Mars, à grand renfort d’affichage pour faire avaler la pilule de l’abattage d’arbres si majestueux – et toujours pas malades – : “Ici, la mairie va planter 300 arbres” faisant mine de ne guère connaitre la nomenclature botanique et d’assimiler tous les buissons, arbustes, petits bosquets à… des arbres. Et les platanes ont ainsi été liquidés (et vite évacués). Gageons que les sbires du béton ont dû être satisfaits de leur opération de com’ et que les écologistes les plus fervents ont été dépités de ne même pas avoir le temps de penser à s’attacher aux arbres (tellement il y avait à ce moment-là d’opérations de bétonnage dans la ville)…

Très réactive pour abattre les arbres à branches dangereuses, et repoussant sans arrêt les replantations promises aux habitant·es qui s’inquiétaient de ces parcelles d’ombre en moins, la mairie semble avoir acheté 200 arbres à planter cet automne.

Impossible toutefois d’avoir le nombre des arbres abattus : les services municipaux auraient calculé qu’un arbre replanté en remplacera plusieurs, mais cela dépend aussi de l’essence (conifères ou non)… Et l’âge du capitaine, entrera-t-il en ligne de compte pour ces calculs d’apothicaire inquiétants qui oublient à quel point les étés sont de plus en plus chauds?

Quant aux plantations récentes, qui nécessitent un arrosage régulier, elles sont abandonnées à leur triste sort : en témoignent les jeunes arbres du parcours santé à proximité du gymnase Roger François. L’été qui a suivi l’inauguration du parc du Champ de Mars, un jeune arbre a succombé à la sécheresse. De même sur la toute nouvelle place Zamenhof, deux jeunes sujets plantés très récemment n’ont pas survécu à la canicule ! Les services de la voirie préfèrent passer les rues au jet haute pression et à l’eau javellisée (fin juillet côte Jacquemart) alors qu’un bon arrosage pouvait sauver la plupart de ces arbres en souffrance. Hélas, le seul arrosage est laissé à la responsabilité des chiens et si l’urine, peut être un bon engrais, elle nécessite d’être diluée avant emploi.

Le Dauphiné publiait le 10 Août dernier un dossier intitulé : « Chaleur et pollution : et si on végétalisait la ville ? » qui rappelait que s’il fait plus chaud en ville qu’à la campagne, c’est dû à l’artificialisation des sols, béton et goudron partout, au manque de végétation et à l’usage intensif de la climatisation (rejet d’air chaud à l’extérieur) ainsi qu’à la circulation automobile. Outre la régulation thermique, la végétalisation améliore la qualité de l’air et l’écoulement des eaux lors de fortes pluies ou orages violents. Les arbustes en pots ne remplissent pas ce rôle. Il est par ailleurs prouvé que l’homme se sent mieux à proximité de la nature, qu’il a besoin de ce contact pour son équilibre physique et psychologique. ! Des villes sont déjà engagées sur cette voie, Angers, Nantes, Metz, ce sont des villes qui ont su préserver un patrimoine végétal important en même temps qu’une volonté politique forte. Lorsque l’on examine le palmarès des villes où il fait bon vivre, on retrouve en très bonnes places les villes vertes, dont encore Angers. Sur le plan économique, les bénéfices sont importants, car la présence du végétal augmente la valeur de l’immobilier et l’attractivité de la ville. On nous objectera que tout cela est coûteux car la présence d’arbres nécessite arrosage, élagage et ramassage des feuilles mortes. Mais l’embauche de jardiniers ne doit pas être considéré comme une charge, mais comme une contribution à la lutte contre le chômage et parce que face aux problèmes environnementaux, nous n’avons plus le choix.Tous ces avantages sont bien identifiés, alors voici un objectif sérieux pour le nouveau mandat de la mairie de Romans. Ce projet de végétalisation de la ville, à terme, s’il était mis en œuvre, assurerait un meilleur confort aux Romanais·es et améliorerait à coup sûr l’image de leur ville !

D. C.


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