Coupdeprojecteur#32
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@SFAM @Indexia @Celside @Hubside : il était une fois dans l’Est

@ Collectif pour Romans | Magasin Hubside Store en centre-ville

La SFAM, devenue Indexia, a connu ces dernières années un développement spectaculaire au prix de pratiques commerciales douteuses, d’une gestion du personnel inacceptable et de projets immobiliers changeants.

En avril 2022, l’association de défense des consommateurs “Que choisir” publiait un article intitulé : « SFAM, 5 années de dérives ». Suite à une enquête et de nombreux témoignages, le constat est édifiant et les Romanais·es gagneraient à demander des éclaircissements sur le projet que cette société mène conjointement avec la Ville.

Une gestion indigne du personnel

Deux journalistes de France Bleue racontent « le mal être des employés qui doivent répondre jour après jour aux clients mécontents.». D’après le syndicat CFDT, plus de 100 salarié·es auraient quitté l’entreprise de Romans, ne pouvant plus supporter leurs conditions de travail. Pour avoir alerté la direction, un représentant du personnel s’est vu mettre à pied (sanction finalement refusée par l’inspection du travail) et privé de salaire. Et ce n’est pas plus brillant du côté des étudiant·es : s’il·elles sont 60 en apprentissage dans l’entreprise en première année, il·elles ne seront plus que 10 la seconde…

Si les conditions salariales semblent intéressantes, le levier principal de la rémunération est en réalité lié aux résultats (et il est arrivé qu’un nouveau directeur des ressources humaines supprime ces primes).

Des pratiques commerciales douteuses

En achetant un ordinateur ou un smartphone (ou même en allant chercher une batterie externe proposée gratuitement par un flyer distribué en segway devant le magasin Hubsidestore), les client·es doivent signer un formulaire et remettre un RIB afin de bénéficier d’un remboursement partiel. Cependant, il·elles ignorent que leur signature entraîne la souscription à plusieurs contrats. Devant la difficulté, voire l’impossibilité d’y mettre fin, des centaines de plaintes ont été déposées à la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF). En 2019, la SFAM est condamnée à payer une amende de 10 millions d’euros

Cette année, le résultat de la nouvelle enquête a été transmis à l’autorité judiciaire et un procès au tribunal correctionnel de Paris avec constitution de partie civile devrait avoir lieu. Que choisir propose à toutes les victimes de se constituer partie civile dans ce procès à venir. Et c’est avec un grand cynisme que M. Sadri Fegaier, le PDG d’Indexia, considère ces plaintes : « cela fait partie des aléas des grands groupes ». Force est pourtant de constater que la tromperie n’est pas limitée à la France. En Belgique, l’entreprise SWITCH, filiale belge de la SFAM, s’est vu interdire de commercialiser ses produits d’assurances après de nombreuses plaintes de consommateur·rices.

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Un projet bien éloigné de son premier objectif

C’est pourtant à cette entreprise, jonglant entre les client·es trompé·es et les employé·es surmené·es, que la municipalité de Romans a, en 2018, attribué un projet de développement dans le quartier de la Monnaie. Le site se trouve entre l’avenue du Maquis, le boulevard Lapassat et la rue Vincent d’Indy et devait, à l’origine, accueillir de nouveaux logements. Cependant, sous prétexte d’une faible demande, ceux-ci furent remplacés par une programmation économique. Seules, deux entreprises avaient répondu à l’offre d’achat : Vinci Durev, avec une offre à 990 000 euros pour 25 emplois, et la SFAM pour la modique somme de 2,27 millions d’euros et 2000 emplois ! C’est sans surprise la deuxième qui a été sélectionnée. Le projet ? 8 000 m² de commerces, 5 400 m² de bureaux, un auditorium pouvant accueillir 2 000 personnes, un hôtel de 80 chambres et des parkings. En contradiction avec le SCOT, schéma d’Occupation du Territoire), qui désapprouve ces surfaces commerciales en périphérie des villes (voir notre article dans Les 400 coups du printemps 2021).

Aujourd’hui, fin 2022, le terrain n’est toujours pas vendu et le projet se réoriente vers un pôle de loisirs, de restauration et d’activités. Comment expliquer qu’Indexia soit toujours considérée comme la gagnante de cet appel à projet puisque le projet a changé ?

Tous les terrains concernés sont du foncier public : les Romanais·es sont donc pleinement concerné·es, d’autant plus que de l’argent public devrait aussi être consacré aux nouvelles voiries adaptées au projet. Des concertations avaient encore lieu courant octobre pour recueillir les besoins et envies des habitant·es : des espaces verts, des salles de sport, des lieux d’accueil pour les jeunes, des logements adaptés, des commerces de proximité, des médecins : espérons que le nouveau projet servira davantage l’intérêt général, plutôt que l’avidité d’une municipalité et d’un multimillionnaire.  


JAM

Image de DCStudio sur Freepik

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