Coup de gueule#18
#transitiondémocratique
Chemin des Bœufs : une impasse ?

Il semble difficile d’un point de vue écologique de ne pas être séduit·e par les objectifs des transformations prévues : diminution de la place des voitures, création d’une piste cyclable à double sens, implantation de 160 nouveaux arbres et arbustes, le tout en ayant consulté la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) et l’ONF (Office National des Forêts). Cependant, les détails restent flous et laissent place au doute. Les revêtements seront choisis pour un “confort d’usage optimal, et favorisant la perméabilité des sols, tout en préservant le cadre naturel et bucolique du lieu”. Oui, mais plus concrètement, de quel(s) matériau(x) parle-t-on ? Est-ce que la qualité de l’ombrage sera égale, voire supérieure, à ce qui existe déjà avec de jeunes arbres et des arbustes ?
Un projet sans tenir compte des riverain·es ?
Il est désolant que les habitant·es du quartier n’aient pas été inclu·es dans l’étude préalable du projet. En effet, ils·elles ont appris durant l’automne 2020 que le projet était déjà arrêté, que les travaux commenceraient au printemps et qu’une concertation avec le Conseil de quartier “Rives de L’Isère” serait organisée. Les nombreuses relances, envoyées par les riverain·es et le Conseil de quartier étant restées lettre morte, les habitant·tes ont formé le Collectif des Berges et ont lancé une pétition en ligne (350 signatures). Devant les nombreuses réactions des riverain·es, la Ville a finalement présenté le projet en mars 2021 en visioconférence, mais le nombre de places était limité et l’évènement sur inscription.
L’opposition a été la première à aller sur le terrain le 25 avril, suivi par la mairie les 25 et 27 mai afin de recueillir les inquiétudes des riverain·es. Parmi elles, la mise en sens unique du Chemin des Bœufs engendrerait naturellement une hausse de la fréquentation dans les rues adjacentes (rue Porte d’Ouvey, avenue Château Fleury, chemin de l’Arnaud etc.) non adaptées à un usage plus intensif. Les habitant·es craignent également une artificialisation du milieu à grands coups d’aménagements urbains dans une zone classée “Ripisylve” sur le Plan Local d’Urbanisme (PLU).
La dernière réunion publique du 10 juin, événement sur inscription et “dans la limite des places disponibles5 s’est tenue dans le salon Paul Deval (salle des mariages) où seulement une quarantaine de personnes étaient autorisées à entrer, dont déjà une demi douzaine d’élu·es et technicien·nes de la mairie. Pourquoi ne pas l’avoir organisée dans une salle plus grande afin d’accueillir toutes les personnes intéressées ? Les échanges ont été houleux, de la part des habitant·es du quartier, majoritaires dans la salle. Un des intervenants a souligné que de l’EHPAD, qui reçoit 5 livraisons de camion par semaine, n’avait été informé des travaux qu’en mai. Un autre a interrogé les membres de la municipalité pour savoir si le projet était finalisé et à quel point il était modifiable : pas de réponse. Cependant, la Mairie s’est engagée à faire une étude élargie sur la circulation dans le quartier… pendant l’été, période non-représentative de l’ensemble de l’année.
À ce jour, il n’y a pas de compte rendu de la réunion publique sur le site de la Ville, ni de nouvelles informations concernant le recomptage des véhicules. Pendant ce temps, un peuplier du Chemin des Bœufs a reçu le label Arbre remarquable de France par l’association Arbres (labellisation reconnue par l’ONF).
Une autre politique pour favoriser la transition écologique
La constitution d’une brigade dite verte laisse à penser que la municipalité de Romans s’engage dans la transition écologique, mais nous sommes très loin du compte.
Pour améliorer la propreté de la ville, peuvent être organisés des journées de collecte de déchets dans la nature environnante, avec la participation des scolaires, et aussi dans chaque quartier, un week-end propreté avec ramassage de déchets, tables rondes et repas festif pour conclure. Mais ce n’est qu’une toute petite partie de ce que peut faire une ville pour la transition écologique et notamment pour la lutte contre le dérèglement climatique.
La ville pourrait investir dans l’isolation thermique des bâtiments publics plutôt que les façades, pourrait planter un arbre par habitant·e, à l’instar de Bourg-de-Péage qui devrait planter 10 000 arbres quand la ville de Romans prévoit d’en implanter à peine 200… Ou encore mettre à disposition des composteurs dans chaque quartier, développer des aménagements en faveur des déplacements sécurisés des piétons et des cyclistes, promouvoir l’extinction nocturne des commerces, des équipements publics et de l’éclairage public, limiter l’étalement urbain, réhabiliter les bâtiments vétustes, les friches industrielles, promouvoir une ceinture verte maraîchère. Certaines de ces propositions sont, de plus, pourvoyeuses d’emplois et propices à intégrer les populations qui en sont éloignées. Il faut aussi redéployer et financer les structures d’éducation populaire afin que chaque citoyen·ne devienne un·e acteur·trice de cette transition.
Il y a un long parcours pour que Romans devienne une « ville durable ». Les mesures prises par cette municipalité sont purement cosmétiques et ne nous font pas avancer dans cette transition nécessaire.
0 commentaire