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Sobriété : faire face, puisqu’il est trop tard pour anticiper

La crise énergétique, annoncée de longue date et précipitée par la guerre en Ukraine, étrangle financièrement les collectivités territoriales et les contraint à la sobriété. Depuis octobre, c’est le cheval de bataille de la mairie !

L’association négaWatt distingue différents types de sobriété : dimensionnelle (logement et véhicule adaptés aux besoins), collaborative (covoiturage, colocation), d’usage (écoconduite, régulation du chauffage), organisationnelle (télétravail, transports en commun) et matérielle (achat en vrac, réduction du taux d’équipement). Si certains de ces points dépendent des habitudes de chacun·e, d’autres peuvent être pris en charge par les collectivités territoriales.

Sobriété choisie ou subie

Les limites environnementales imposent à chacun·e de tendre vers la sobriété, mais le chemin n’est pas le même pour tout le monde. Les classes aisées possèdent souvent déjà des maisons isolées et peuvent encaisser la hausse des prix de l’énergie. Tandis que les plus précaires, selon l’Observatoire des Inégalités « voudraient bien contribuer à un mode de vie plus écologique, mais ils ont aussi […] besoin de vivre un peu mieux ». Pour rappel, 20% de la population romanaise, vit sous le seuil de pauvreté (1 102 euros par mois pour une personne seule), soit près de 6 000 personnes.

C’est cette partie de la population que la Ville devrait aider. Concrètement, elle pourrait proposer à Valence Romans Agglo de créer un abonnement illimité gratuit ou attractif de 5 euros par mois, contre 20 euros actuellement, au réseau de transport Citéa. Cela permettrait aux personnes à faibles revenus de pouvoir circuler sans subir la hausse du prix du carburant.

Prime d’un côté, baisse des subventions de l’autre

Pour l’heure, la Ville de Romans se contente de « faire face », puisqu’il est trop tard pour anticiper. Regardons quelques-unes des 25 mesures dites « ambitieuses ». Certaines relèvent du bon sens, quoi qu’un peu tardif, comme le changement des têtes thermostatiques des radiateurs ou la mise en place de détecteurs de présence dans les bâtiments communaux. D’autres sont insuffisantes comme la nomination d’une quinzaine d’ambassadeur·rices de la sobriété énergétique ; cette fonction sera-t-elle assurée par de nouveaux ASVP comme ce fut le cas de la brigade verte ?

En ce qui concerne la municipalité, si la Ville parvient à diminuer de 15% sa consommation d’énergie en 2023, ses agents devraient avoir droit à une prime, soit une enveloppe de 130 000 euros à partager en six cents parts, un peu plus de 200 euros par personne. Une prime pour remplacer celle de Noël supprimée il y a quelques années ? Pourtant, le réglage du chauffage n’est pas toujours de leur ressort. Dans certaines écoles, où le thermomètre affiche 23°C pendant les vacances, c’est une société de prestation de service, Enedis, qui s’en occupe. 

D’autre part, les maisons de quartier, où les salarié·es et bénévoles n’ont pas attendu les recommandations de la Ville pour prendre leurs responsabilités, doivent atteindre les objectifs fixés pour espérer pouvoir garder leurs subventions intactes…

Les actions et propositions du Collectif pour Romans

Dès 2019, le Collectif avait lancé la réflexion, avec des ateliers participatifs organisés sur le thème de la crise énergétique pour informer et sensibiliser : Gwennyn TANGUY avec sa conférence gesticulée Ce n’est pas la fin du monde autour de thèmes tels que la raréfaction des ressources énergétiques, le dérèglement climatique et le lien avec l’économie ou encore l’association Négawatt venue présenter son scénario 2022. Le Collectif propose de promouvoir l’isolation thermique en s’inspirant par exemple de Lanester (56), où la mairie accompagne les particulier·ères via une subvention plafonnée à 1500 euros et complétant les autres aides existantes.

Pour aller encore plus loin, la Ville pourrait renforcer la capacité de production d’énergie locale, via le solaire ou l’éolien sur les bâtiments municipaux. Loos-en-Gohelle (62) est pionnière dans ce domaine. Dès 2014, elle s’inscrit au dispositif Territoires à Énergie Positive (TEPOS) et crée le « plan solaire citoyen » en 2018. Ce dispositif a pour mission d’équiper en panneaux photovoltaïques les toitures des bâtiments de la ville, publics et privés. À présent, il y a plus de 2600 m2 de panneaux générant environ 50 000 euros de revenus chaque année ! En plus ça ajouterait le label « Énergie partagée » à la collection des trophées de la Ville !

Article extrait du journal les 400 Coups n°8 | Printemps 2023


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