Un quartier entier oublié ?
Nous savons que le quartier de la Monnaie a été délaissé ces dernières années : suppression de la mairie Annexe, suppression des locaux de la police de proximité, abandon de la crèche jamais rétablie après l’incendie, affaiblissement considérable du dispositif de réussite éducative, travaux de rénovation du centre social et de la maison de quartier suite aux incendies qui tardent (la maison de quartier a alors réparti ses activités dans plusieurs appartements en rez-de-chaussée d’immeubles… en devant les louer !)…
En allant à la rencontre des habitant·es et usager·es de ce quartier, nous avons trouvé beaucoup de richesse, de fraternité et d’humanité autour de nos échanges.
En voici quelques uns qui nous ont marqué :
- Plusieurs habitant·es de ce quartier, premières victimes d’actes délictueux ou d’incivilités, constatent que la présence de caméras de vidéo surveillance ou de policiers municipaux ne résolvent pas les problèmes mais les aggravent car un climat de défiance et de tension s’est créé.
- Deux jeunes évoquent le fait qu’ils·elles se sentent confiné·es dans le quartier. Ils·elles ont l’impression qu’avec « leur tête d’arabe » ils·elles ne peuvent sortir du quartier sans être tout de suite assimilé·es à des délinquant·es potentiel·les. Ils·elles aimeraient disposer d’un lieu pour les jeunes pour se retrouver et développer des projets.
- Sur la question des espaces publics : beaucoup déplorent qu’aucun d’entre eux ne soit aménagé avec de l’ombre : dès les beaux jours il est difficile de se rafraichir. Le terrain de pétanque manque de convivialité et l’entretien, le nettoyage des déchets qui jonchent le sol n’est pas régulier. L’impression de l’abandon se montre prégnante.
- Les réparations suite aux incendies des lieux publics ces derniers mois tardent.
- Les contrôles au faciès plusieurs fois par semaine rendent l’ambiance tendue…
- Certains enfants, livrés à eux-mêmes, s’approprient des territoires, jouent les caïds et jouent à cache-cache avec la police municipale… « Ça devient insupportable ».
- L’inauguration des jeux en bois au parc Chopin, fin février, ne change rien. Au contraire, même ce moment-là, désespérément voulu convivial par les bénévoles du quartier, a été froid et supervisé par la brigade canine et les policiers à moto stationnés non loin de là “au cas où”; Au cas où quoi ?
- Une dame s’excuse de « déballer sa vie » elle travaille, elle est veuve, elle a 4 enfants qui travaillent bien à l’école dont 2 enfants qui font des études supérieures. Elle est fière d’eux. Elle est femme de ménage et commence à 5 heure le matin et termine à 21h car le ménage dans les bureaux ça se fait quand les gens ne sont pas dans les bureaux mais au final ça ne fait pas beaucoup d’heures. C’est compliqué pour l’organisation familiale le matin et le soir mais elle a envie de travailler. Elle gagne 800 euros pas mois mais elle n’arrive pas à boucler les fins de mois. Elle ne sait pas comment elle va faire.
Alors là, on pourrait lui parler de notre projet de Revenu Minimum, d’aide au recours aux droits… On lui conseille d’aller au CMS, au CCAS mais on oublie qu’on est en campagne… Elle part en nous remerciant beaucoup de notre écoute. On a peut être perdu une voix mais on a appris beaucoup sur la réalité. On a encore mis un visage sur les chiffres qui nous révoltent : 22 % de la population romanaise qui vit en dessous du seuil de pauvreté !!!
Nous avons senti dans le quartier un besoin urgent d’être reconnu, soutenu, aidé et valorisé.
Nous remercions les personnes de ce quartier pour leur confiance et leur accueil.
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