Coup de gueule#23
#transitiondémocratique

Élection présidentielle : Attention virage dangereux sur la droite !

Les causes de cette radicalisation

Depuis François Mitterrand, la gauche centriste s’est progressivement convertie à l’idéologie libérale : tout est privatisable. Les délocalisations de l’industrie, la numérisation et la robotisation ont généré un chômage de masse qui augmente la concurrence entre demandeurs d’emploi et fait baisser les salaires. Aussi, une grande partie des ouvrier·ères et des précarisé·es se tourne vers l’extrême droite car la gauche au pouvoir a montré son incapacité à les protéger.

En même temps, la finance internationale et les multinationales poursuivent leur pratique “d’optimisation fiscale” et de fuite des capitaux vers les paradis fiscaux. Cela prive l’État de ressources essentielles pour les hôpitaux, l’enseignement, la justice, le logement… La crise économique de 2008, les attentats, le dérèglement climatique et la pandémie donnent des prétextes aux gouvernements pour faire passer des réformes qui, sous couvert d’économies, détruisent le système de protection social français mis en place après la guerre. Naomi Klein l’explique très justement dans son livre La stratégie du choc.

On assiste également à un effondrement moral : l’appât du gain devient la motivation première des décideur·euses économiques et politiques (la mairie de Romans n’échappe pas à ce travers, l’économie d’abord !), la fracture sociale se creuse, l’appauvrissement des populations rurales et périphériques provoque la formation de ghettos, terrains propices au trafic de drogues et à la délinquance. Les chaînes d’informations en continu et les réseaux sociaux offrent également une caisse de résonance efficace à toutes les turpitudes d’extrême droite.

Renverser la tendance

“Chaque Français verra plus de bleu sur le terrain en 2022 qu’en 2017. Ça rassure les gens, ça dissuade les délinquants.” déclarait Emmanuel Macron en avril 2021. Est-ce la solution ? La pandémie a mis en exergue notre dépendance industrielle, il serait plutôt temps de relocaliser avec une politique de grands travaux d’intérêts généraux : isolation des logements, promotion d’une agriculture paysanne (non-industrielle), végétalisation des villes, accroissement des effectifs des personnels de santé et d’éducation, restauration des structures d’éducation populaire (MJC, foyer de jeunes travailleurs, colonies de vacances, aide aux devoirs, alphabétisation, clubs sportifs, jardins partagés). Les besoins ne manquent pas qui pourraient créer des emplois et rétablir un dialogue social. Mais cela impliquerait une réelle lutte contre l’évasion fiscale, l’instauration d’une taxe sur les transactions financières (Tobin) et une imposition plus forte des revenus et des patrimoines des classes aisées.

À Romans, après avoir raboté les subventions aux maisons pour tou·tes, à la MJC et aux associations, et réduit le budget social, il est gravissime que la première magistrate sabote un projet d’extension d’une entreprise locale créatrice d’emplois. En matière de sécurité, la seule réponse envisagée est la répression et la surveillance par l’installation (à grands frais) de caméras, tandis qu’elle utilise un fait divers dramatique pour discréditer les migrant·es. Il semble que nos gouvernant·es n’aient jamais réfléchi à ce qu’est la sécurité : avoir un toit, un travail, pouvoir se nourrir et nourrir ses enfants, avoir accès à la santé, à l’éducation et à la culture.

Certes, la question de l’immigration reste d’actualité : pourquoi tant d’Africain·es quittent-il·elles leur pays pour risquer leur vie à travers le désert, la Libye, et la Méditerranée ? « Gorgée de richesses, la terre africaine fourmille de pauvres. » constate Fatou Diome. Car non seulement l’Europe et le reste du monde pillent le sol africain, mais les guérillas et les sécheresses aggravent la situation. « Il y a urgence sociale, urgence climatique, sans compter avec la menace fasciste » écrit Bruno Latour. Si la droite fait le « lien entre immigré·es et terrorisme », il conviendrait plutôt de parler de fâcheux amalgame. 

En amont de la répression, il serait grand temps de penser à la prévention.


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