Coup de gueule#27
#justicesociale, #transitiondémocratique
Périscolaire, une solution délaissée
20 ans déjà. Connu et reconnu par le monde universitaire, inspirant d’autres Villes, le Dispositif de Réussite Éducative et les Clubs Coup de pouce évoquent des souvenirs positifs et joyeux pour de nombreux·ses jeunes et familles de la Monnaie.
“Coups de pouce” ? Késako ? Souvenez-vous ! Déployés dans chaque école du quartier, pour renforcer le langage en maternelle, la lecture en CP, les maths en CE1, préparer au collège en CM2, ils touchaient parfois jusqu’à 25 enfants d’une même école. Les familles étaient invitées à participer à ces clubs pour leur donner des « billes » afin d’ accompagner leurs enfants dans leurs devoirs, pour être plus à l’aise avec les codes de l’École. Un accompagnement à la parentalité bienvenu, voire salutaire.
Quant au Dispositif de Réussite Éducative, en lien avec l’école, il proposait aux élèves des activités sur l’année, en partenariat avec les associations de la ville pour découvrir des pratiques sportives et culturelles comme l’escalade, le tennis, le théâtre… Ainsi de nombreux·ses jeunes ont fait la réputation de certains clubs. Par exemple, Didem et Meltem Sahin, qui sont parvenu·es jusqu’aux championnats de France de karaté alors que ce sport était inconnu dans leur famille. On appelait ces dispositifs des ATOUTS (atout Sport, atout Culture…).
Désormais, tout ceci est réduit à peau de chagrin voire supprimé. Les Clubs” Coup de Pouce”, c’est partout… sauf dans le quartier de la Monnaie et le centre ancien sous prétexte que l’Éducation nationale a dédoublé les classes de CP et de CE1 ! Des huit Clubs ATOUTS en 2017, il n’en reste que deux : Atout Musique et Atout Arts ainsi qu’Atout Vacances (sans aucune mesure avec le nombre d’enfants concernés avant 2014). Adieu activités culturelles et sportives.
Dans le même temps, le quartier a vu fleurir des caméras de vidéosurveillance. Ces caméras et toute la politique sécuritaire dont elles sont le symptôme ne remplaceront jamais la création de lien social et le renforcement d’une culture commune. Elles ne permettront jamais l’émancipation et le développement de l’estime de soi nécessaires à la cohésion sociale et à la prévention de la délinquance.
Interrogé·es à ce sujet, des professionnel·les du quartier évoquent la participation à la Traversée de la Drôme à Vélo : « C’est en proposant des défis collectifs permettant le dépassement de soi qu’on redonne de la fierté, de l’estime de soi, du sentiment d’appartenance et le sens du collectif à ces enfants». Cette initiative, bien que soutenue par la Mairie, est portée par les équipes enseignantes et l’USEP (Union Sportive de l’Enseignement du Premier degré).
Au-delà d’une politique jeunesse aujourd’hui centrée sur la performance et la compétition, raviver cette mémoire, c’est nous rappeler que déshérence des jeunes, difficultés scolaires des enfants, épuisement des parents, ne sont pas des fatalités, pour peu qu’on y mette l’envie et les moyens.
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