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Auprès de nos arbres, nous étions heureux·ses

@ Collectif pour Romans | Des playmobils profitons de l'ombre de la fôret des bambous

Depuis quelques mois, cela n’aura échappé à personne, les abattages massifs d’arbres se sont accélérés à Romans-sur-Isère.

Qui, ces derniers mois, n’a pas eu l’impression étrange de s’égarer dans une rue pourtant connue, tant le paysage avait changé ? À l’heure des catastrophes climatiques et des records de chaleur, la politique municipale de destruction d’arbres pose question.

La liste des abattages est longue : champ de Mars, rond-point Deval, côte des Masses, cours Pierre Didier, parc François Mitterrand, quai Sainte-Claire, Tour Jacquemart, square Marcel Pagnol, rue Coalville, boulevard Régis Ginier, cours d’écoles, sans compter les arbres concernés par les projets à venir, tel le réaménagement du chemin des Bœufs…

L’arbre, un formidable occasion de greenwashing

Sous couvert de propagande, portée par le Romans Mag, la municipalité voudrait faire croire qu’elle a pris conscience de l’urgence climatique et de la nécessité de végétalisation urbaine. En donnant des chiffres élevés du futur nombre d’arbres plantés, elle tente de cacher le nombre de ceux abattus et de redorer son blason écologique.

Les raisons invoquées sont la maladie ou la dangerosité des arbres. Des experts de l’ONF auraient effectué des rapports sur ces arbres (rapport demandé en mairie, pour l’heure sans réponse). Si l’ONF ne semble pas faire de recommandations dans ces rapports mais diagnostiquer l’état sanitaire des arbres, le fait que les rapports qu’ils effectuent sur demande des services municipaux ne soient pas diffusés laisse s’installer un doute quant aux réelles motivations pour ces abattages. Et empêche toute discussion, toute concertation, toute alternative à l’abattage. 

De plus, s’il est possible que certains arbres soient effectivement malades, il semble assez improbable qu’un nombre aussi important soit concerné. Sans rapports consultables, difficile de se prononcer.

Il est alors tentant d’imaginer, au vu de l’importance que porte la municipalité aux travaux “d’embellissement”, que certains arbres aient simplement été considérés comme “gênants”. Là, se pose la question de la place de ces êtres vivants. Ils semblent être vus comme de simples mobiliers urbains, au même titre que les lampadaires, modifiables et déplaçables au gré de l’imagination des urbanistes. 

Une autre vision du monde

Les apports des arbres sont multiples : photosynthèse, mais également rôle de purification pour un grand nombre de polluants typiques des environnements urbains. Pour cela, les grands arbres sont trente à soixante fois plus efficaces que les jeunes arbres. Plus ils sont grands et vieux, plus ils créent de la fraîcheur grâce à leur ombre et leur capacité à augmenter le taux d’humidité de l’air. Une vertu essentielle en ces temps de réchauffement climatique. 

Dans son ouvrage « Du bon usage des arbres, un plaidoyer à l’attention des élus et des énarques », Francis Hallé, botaniste français, explique que promettre que pour un vieil arbre abattu, dix jeunes seront plantés est une “arnaque culturelle, sociale, financière et surtout écologique”. L’entretien des jeunes arbres coûte plus cher, car ils ont besoin de plus d’arrosage. La biodiversité qui vit dans le vieil arbre a besoin de plusieurs années pour s’y développer. Et enfin, il faut au moins 25 ans avant que les dix jeunes arbres n’atteignent le niveau de dépollution atmosphérique du vieil arbre coupé.

Quelles devraient être les orientations de végétalisation de la ville ?

Imaginer la ville de demain, c’est penser la végétalisation en tenant compte des changements climatiques : îlots de fraicheurs, choix des espèces, perméabilisation des sols… 

C’est également réfléchir sur la temporalité. Même s’il s’avérait que les arbres de la rue Coalville devaient être coupés, les travaux de réaménagement n’auront lieu qu’en 2024, soit potentiellement deux étés caniculaires à vivre sans ombre pour les habitant·es et les élèves de l’école de la Pierrotte. 

F. Hallé rappelle que l’arbre est la plus grande espèce naturelle et celle qui vit le plus longtemps. Un être vivant qui devrait donc inspirer un profond respect, dont on devrait prendre soin et qu’on ne peut pas traiter tel du mobilier urbain, sans réfléchir aux conséquences lorsqu’on le plante ou qu’on l’arrache. Il faut le protéger et le soigner. Une blessure sur une branche ou une racine, provoquée par un élagage trop sévère ou des travaux de canalisation, peut favoriser le développement de maladies qui seront ensuite une cause d’abattage. Cette vision est également celle du Collectif pour Romans : adapter ses projets urbains en fonction de la présence des arbres, et pas l’inverse.


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