Coupdeprojecteur#34
#justicesociale, #transitiondemocratique

La culture au service de l’attractivité et de la consommation

@ Collectif pour Romans | Le Carnaval de Romans en 2019

Il est urgent de raviver les cultures communes romanaises, faites d’histoires, d’identités multiples, d’expériences partagées.

La guerre en Ukraine, les incendies, la canicule, la crise énergétique et la pression que cela fait peser sur les plus précaires nécessitent une transformation urgente non seulement de nos comportements mais aussi de nos imaginaires et de nos manières de faire société, ensemble… C’est la culture, les cultures, qui permettent cela à l’échelle d’un territoire. Qu’elle soit “pop” ou “du monde”, ouvrière ou élitiste, la culture est ce qui unit un ensemble de personnes dans une expérience sensible, émotionnelle, commune. 

La liste des abattages est longue : champ de Mars, rond-point Deval, côte des Masses, cours Pierre Didier, parc François Mitterrand, quai Sainte-Claire, Tour Jacquemart, square Marcel Pagnol, rue Coalville, boulevard Régis Ginier, cours d’écoles, sans compter les arbres concernés par les projets à venir, tel le réaménagement du chemin des Bœufs…

Romans résumée à des chaussures en plastique ?

De grands événements portés ou soutenus par la municipalité rythment la vie locale, mais sont trop souvent orientés vers l’attractivité du territoire et alimentent une image sélective, donc déformée, de la réalité romanaise. Trop souvent seules la compétition et la consommation sont proposées comme unique horizon culturel, dans une acception figée, limitée de ce que c’est être Romanais·e aujourd’hui. Parmi les derniers événements organisés par la Ville : une braderie vintage joyeuse qui se prend les pieds dans le tapis avec un drive in en centre-ville inaccessible aux piétons. Serait-ce une préfiguration de la discrimination énergétique qui se profile ? 

La gadgétisation des chaussures, de la pogne et de la raviole, érigés en objets d’attractivité pour touristes, via la presse locale et nationale. Alors que notre patrimoine culinaire local est une si belle porte d’entrée pour se poser collectivement la question de l’alimentation de qualité pour toutes et tous dans notre ville. Alors que l’industrie de la Chaussure a fleuri grâce aux migrations venues du Maghreb, contribution aujourd’hui tellement invisibilisée que pas une des chaussures monumentales ne rend hommage à ces travailleur·euses et pas une n’a été installée à la Monnaie.

@ Collectif pour Romans | Une des chaussures monumentales installée place Charles de Gaulle
Finie la mémoire ?

Un effacement de la mémoire des travailleurs et travailleuses qui est amené à se prolonger avec la disparition annoncée des bâtiments de l’usine Jourdan, notre patrimoine industriel, quand pourtant cette municipalité a su trouver les fonds pour conserver un certain patrimoine religieux de notre Ville. Une mémoire sélective qui se traduit aussi par le projet de déménagement du Musée de la Résistance, dans une absence totale de dialogue et d’échange avec celles et ceux qui portent ce lieu de mémoire depuis tant d’années.  

Que dire du Carnaval, qui ressemble à présent davantage à un Corso dévitalisé de toutes ses dimensions subversives, créatives et fédératrices. Finies les doléances, abandonnées un temps la remise des clés de la Ville, fini l’événement populaire où chacun·e est acteur·rice et non seulement spectateur·rice.  

Enfin, parlons de “ce précieux spectacle vivant” : des tarifs inaccessibles à la plupart des familles romanaises, des abonnements payants, un plein tarif moyen (hors spectacles jeune public) à 30,50 euros, un tarif réduit moyen à 24,30 euros (pour les moins de 21 ans, minima sociaux, demandeur·euses d’emplois), soit pour une famille avec deux enfants, pas moins de 110 euros la soirée ! Précieux en effet…. où est la culture accessible à toutes et tous? Et que dire de la sous-exploitation de la salle Jean Vilar et du théâtre de la Presle? Que dire du peu de place fait à la nouvelle création, du peu de soutien à la création locale ?   

C’est bien par ces petites touches, non-dites, par des choix jamais discutés, que la municipalité propose de fait un imaginaire étriqué, amnésique, autour de valeurs libérales, individualistes, qui bien souvent divisent au lieu d’unir et ne donnent pas les outils pour penser et faire ensemble le monde de demain, le Romans de demain.  

@ Collectif pour Romans | L'usine Jourdan à l'abandon

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