Coup d’avance #01
#justicesociale, #transitiondémocratique

Comment est née la manifestation du 30 novembre ?

Depuis début 24, des collectifs préparent le retour de la presse et de l’extrême droite pour l’anniversaire de l’affaire de Crépol. L’appel à un rassemblement d’ultra-droite à Romans à cette occasion marque un tournant.

Début juillet, alors que les résultats des urnes étaient attendus avec une certaine appréhension, des militantes romanaises anticipent la manière de maintenir la dynamique de juin au-delà de la pause et de la torpeur estivale. L’invitation à une réunion “convergence des luttes” est alors diffusée, invitant tou·tes les personnes, structures, forces, énergies qui luttaient contre l’extrême droite et ses idées nauséabondes à se retrouver dès septembre pour inventer la suite.

Est née une belle dynamique d’interconnaissance

Groupes militants de la ville et de la campagne, militant·es expérimenté·es et personnes mobilisées depuis novembre 2023, tou·tes avaient des stratégies d’actions singulières et ancrées dans leur propre temporalité. Ainsi, samedi 26 octobre, lorsqu’un tract a été distribué sur le marché de Valence, signé “Justice pour les nôtres”, appelant à un rassemblement raciste le 16 novembre à Romans, “symbole de la ville moyenne française gangrenée par l’insécurité et le trafic de drogue” pour dénoncer ‘‘les victimes de l’immigration’’, il n’a pas fallu beaucoup de temps pour s’organiser. Des boucles de mails étaient prêtes du côté des forces politiques du Nouveau Front Populaire et des habitudes de rencontres et échanges étaient prises du côté des associations et collectifs suite à la réunion à la fin de l’été.

Ancrer Romans comme terre de Résistance

Une respiration : le rassemblement de “Justice pour les nôtres” est reporté au 30. Le 7 novembre, la réunion de “Convergence des luttes” élabore patiemment les objectifs qu’il était souhaitable d’atteindre collectivement. Le groupe partage une vision réaliste des possibles, en ayant pris le temps d’échanger sur ses forces, ses faiblesses, les risques et les opportunités d’actions. Il se donne comme objectif d’affirmer l’ancrage de Romans comme terre de Résistance, de dire clairement le refus que la ville devienne un lieu de pèlerinage de l’extrême droite, d’agir plutôt que simplement subir, d’optimiser la couverture médiatique. Une idée s’impose donc : organiser un rassemblement de résistance contre la récupération raciste, qui a évolué en manifestation au fil des temps de travail. Un mode d’action complémentaire à ce qui était fait par ailleurs et par chaque collectif.

Impliqué en parallèle dans d’autres échanges sur le sujet avec les forces politiques et sollicité par le collectif “Convergence des luttes” pour agir en faveur d’une manifestation le jour dit, le Collectif pour Romans fait alors le choix de mettre toutes ses forces dans cette organisation, au côté de celles et ceux qui en ont posé les bases.

L’intelligence collective au service de l’action

À partir de là, chaque personne, structure, association, mouvement, syndicat* joue un rôle. Les un·es animent les réunions, assurent la communication, conçoivent le parcours. D’autres se concentrent sur le financement des flyers et affiches, l’organisation du service de protection du cortège ou le déroulé des prises de parole. Avec l’ASTI et la CNT 26, le Collectif pour Romans dépose la déclaration de manifestation et porte le référé liberté. Le Collectif assure aussi la présence dans les médias locaux et nationaux. Enfin, il joue le rôle de “trésorier” en mettant ses outils associatifs au service de cette action. Il fournira aussi des militant·es locaux pour le service de protection du cortège.

Cette intelligence collective en actes, aux forces décuplées par les enjeux, est une première réponse aux attaques fascistes et ignominieuses du territoire. C’est aussi un moteur tout au long de la préparation et dans la manifestation, qui fut un beau moment de lutte intersectionnelle, où toutes les luttes contre les oppressions (le racisme, le sexisme, le classisme, le validisme, l’homophobie) avaient leur place. Une victoire contre l’extrême droite, et surtout pour l’avenir de notre ville !

* l’AFPS, l’ASTI, la CNT, le Collectif pour Romans, L’Ébullition, La France Insoumise, le groupe Gauche des collines, Mobilisons l’Intelligence Collective, Nous Toutes Drôme, le NPA 26, Solidaires 07-26, le comité local des Soulèvements de la Terre, des groupes antifascistes structurés en association ou non.

Article extrait du journal les 400 Coups n°11 | Hiver 2025


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