Coup de projecteur #40
#justicesociale, #transitiondémocratique
Un 30 novembre pour ancrer notre opposition ferme à l'extrême droite
800 personnes se sont réunies le 30 novembre pour lutter contre la récupération raciste de “l’affaire de Crépol” lors d’une manifestation solidaire, composite et joyeuse.
Deux manifestations aux visions radicalement opposées : l’une raciste désignant les habitant.es des quartiers populaires comme responsables des violences et notamment de la mort de Thomas et Nicolas ; l’autre solidaire des présumés bouc-émissaires et contrant ce cadrage simpliste et clivant. Renvoyées dos à dos par la Maire de Romans, puis par le Préfet, ces manifestations ont été toutes les deux interdites quelques jours plus tôt, puis à nouveau autorisées deux jours avant le 30.
Une manifestation solidaire
Au lieu de rendez-vous, place Hector Berlioz, la camionnette de la CNT 26 et sa sono, quelques banderoles. Impossible de manquer l’effectif massif de policiers, suréquipés, qui se tient à quelques mètres, exerçant une certaine pression. Celle-ci sera accentuée par la fouille de la camionnette et par le contrôle d’identité des jeunes qui arrivent en groupe. Cela est vite dissipé dans l’affluence, les retrouvailles entre connaissances, les banderoles qui se déploient.
Elie Belle, responsable du Comité Romans et Drôme des collines de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) se joint très tôt à cette initiative :
“Il n’y a pas eu l’ombre d’une hésitation à manifester avec tout le monde pour la défense de nos idéaux […] liberté de penser, de manifester, d’écrire ce que l’on veut, qui nous paraît tout à fait fondamentale.”
C’est un moment de joie alimentée par la découverte de l’inventivité de toutes celles et ceux qui ont manié les pinceaux ! Des habitué·es du pavé aux gens de la Monnaie, en passant par des habitant·es des collines, des syndicalistes, des jeunes et moins jeunes : la place se remplit.
“La montée de l’extrême droite signifie la régression des droits sociaux et la progression des discriminations et inégalités. Elle se nourrit de la peur et des difficultés des citoyen·nes et notre rôle de syndicat est de montrer dans les rassemblements les plus unitaires possibles qu’elle ne sera jamais une solution à ces problèmes. Mais c’est aussi en tant que Romanais qui ne souhaite pas voir la haine s’installer dans ma ville que j’ai participé à cette mobilisation” témoigne un militant de Solidaires.
Enfin, des habitant·es du quartier prennent la parole pour remettre cette manifestation dans son contexte et les manifestant·es s’élancent, sous un soleil chaleureux qui sort juste à ce moment-là. Ils et elles s’arrêtent un moment sur le lieu du décès de Zakaria où les trois victimes, Thomas, Zakaria et Nicolas, sont commémorées par une minute de silence digne et respectueuse.

Une manifestation exemplaire
Remontant vers l’avenue du Maquis, le parcours est ponctué de slogans joyeux et de chants, Le cortège, rejoint par des jeunes du quartier, se dirige vers l’avenue Gambetta.
“Je suis arrivée quand la manif sortait de la Monnaie : ce n’était pas une manif comme une autre, c’était incroyable, tout ce mélange de gens ! Des jeunes, des vieux, des antifa et des mamans toutes tranquilles. Ça changeait des manif qui rassemblent un seul type de personnes et ça m’a fait un bien fou car je crois que c’est de ça dont on a besoin !” rapporte une participante.
Petit moment de tension un peu plus loin, quand les jeunes du quartier sortent du cortège. Avec humour et dans le dialogue, la manifestation se reforme et poursuit son chemin. Plus loin, des policiers baissent leurs casques face aux jeunes qui veulent aller faire un tour à Super U. Alors que les prises de parole se succèdent sur le rond-point, le service de protection du cortège intervient et tout rentre vite dans l’ordre.
Ces prises de paroles extrêmement diverses, honorant aussi bien le vivant que la République, la diversité que la solidarité, rejettent en bloc toute forme de domination. Au dernier arrêt, au pied du monument des Résistant·es, dans le froid revenu, un hommage est rendu aux personnes qui luttent contre le fascisme et les oppressions, aujourd’hui comme hier.
“C’était une très belle manif, avec une tenue tout à fait exemplaire, sans débordement de type cri ou slogan intempestif ou malvenu. Le nombre de participants est satisfaisant dans le contexte” retient Elie Belle.
La manifestation se disperse en bon ordre, à l’heure et chacun·e repart nourri·e d’espoir et de chaleur humaine.
Article extrait du journal les 400 Coups n°11 | Hiver 2025
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