Coup d’œil en arrière #05
#justicesociale, #transitiondémocratique

2018- Des places aux rond-points : réinventer nos engagements

Une colère monte de toute la France. Ici aussi s’organise ce qui s’appellera bientôt les Gilets Jaunes. Dans cette grande lutte, les rencontres avec nos engagements locaux se font, trop peu, mais avec un impact durable.

À Valence, comme partout en France, les Gilets Jaunes se mobilisent et réinventent nos luttes. Cet élan sera violemment réprimé par le gouvernement et les forces de l’ordre.

C’est un infirmier qui, alors qu’on l’interroge sur ses souvenirs de luttes romanaises, raconte ces liens, entre lutte locale et nationale.

“La lutte qui m’a le plus marqué ces dernières années c’est celle des Gilets Jaunes. Avec toutes ses ambiguïtés. J’ai vu une manière de lutter qui est venue me secouer dans mes principes : des gens en lutte, non politisés qui sont venus réinterroger ma manière de concevoir la démocratie.”

Le témoignage de ce Romanais de toujours se veut critique :

“Je suis militant de gauche depuis longtemps et je pense que la gauche s’est un peu égarée d’un point de vue démocratique. Elle a oublié la démocratie, elle a oublié que la démocratie ça commence par écouter la population. En fait on n’écoute pas, on a des idées et on essaye d’apprendre aux gens à bien penser. Et la gauche fonctionnait beaucoup comme ça.”

Et de se souvenir de cette fois où c’est lui qui apprend :

“Un jour, les urgentistes ont manifesté et ils ont appelé les Gilets Jaunes à venir manifester avec eux et ça a vraiment changé la donne. Les Gilets Jaunes sont montés dans les locaux de l’administration de l’hôpital, ils sont venus chercher physiquement le directeur et ils l’ont amené devant les grévistes et derrière, ça a quand même fait bouger les choses. Ça change les schémas de luttes.”

Le cœur de ses luttes, à lui, infirmier :

“Prendre en charge les plus démunis, les plus faibles ça a beaucoup de sens et c’est rassurant car on est tous concernés par la maladie, la faiblesse et on est tous dépendants à un moment de notre vie.”

Alors le traitement de l’attaque au couteau d’avril 2020, en plein Covid, lui laisse un goût amer.

“On a tous été marqués, traumatisés par cette histoire-là et il y a des choses à en tirer, à dire de ça : il y a un problème de prise en charge médicale, d’écoute. De manière symptomatique, madame Thoraval vient communiquer en divisant et brasse un magma informe de ressentiments puis souffle sur des braises dégueulasses.”

Alors son espoir pour Romans ?

“C’est surtout la reconstruction du lien social. Madame Thoraval a beaucoup détruit. Elle a embelli, elle a fait de beaux travaux, c’est effectivement plus joli mais c’est quand même avant tout les gens qui comptent.”

Article extrait du journal les 400 Coups n°10 | Hiver 2024


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