Coup d’œil #16
#justicesociale, #transitionecologique
Voitures, incivilités, pollution : les enfants ne sont pas les bienvenu·es en ville, qu’elle soit amie des enfants ou pas. À Romans, les aménagements qui existent devant un tout petit nombre d’écoles sont vraiment minimalistes.
De plus en plus de municipalités font le choix de se pencher sur l’enjeu de l’accès sécurisé aux écoles. Les solutions sont enthousiasmantes : si les déplacements deviennent sûrs – et agréables – pour les enfants, ils le seront d’autant plus pour tous les publics fragiles (personnes âgées, personnes en situation de handicap) ! De quoi donner envie d’aller explorer ce qui se passe ailleurs en France.
Une première chose à faire : limiter à 30 km/h la circulation dans les rues où il y a des écoles. Mais une mairie peut faire bien plus pour apprendre aux enfants à apprivoiser les dangers du monde urbain et à devenir autonome.
Elle peut instaurer, dans le cadre du pouvoir de police du maire, des aires piétonnes temporaires. Un panneau précise les horaires durant lesquels cette mesure s’applique, par exemple de : « de 8h15 à 8h45 et de 16h15 à 16h45 » ou « période scolaire ». Ces mesures en font, de fait, une « rue scolaire », ou “rue des écoles” sécurisée par la mise en place temporaire de barrières, manœuvrées par des agent·es habilité·es par la municipalité ou gérées par des bornes automatiques de contrôle. Grenoble et Lyon ont établi, depuis 2020, un échéancier pour mettre ce dispositif en place devant toutes leurs (nombreuses !) écoles. À noter qu’en Belgique, depuis 2018, ces rues sont inscrites au code de la route.
Autre alternative légèrement différente : l’interdiction de circuler permanente ou temporaire pour laquelle, comme pour l’aire temporaire, des indications peuvent être portées sur un panneau donnant des précisions (« sauf riverains », « allure au pas ») et/ou les heures d’application de l’interdiction de la circulation des voitures (et parfois des cyclistes), mais cela ne donne pas pour autant aux piéton·nes l’autorisation de circuler sur la chaussée. Cela est mis en place devant le collège de Chabeuil par exemple.
Une autre possibilité restreignant moins les voitures mais pouvant répondre à l’objectif d’apaisement des abords d’une école est la création d’une zone de rencontre. Il s’agit alors, dans un espace ouvert à tous les modes de circulation, de donner la priorité aux piéton·nes. Un tel aménagement permet la cohabitation des promeneurs·euses avec les automobilistes, qui circulent alors au pas et est, dans certains cas, utilisé aux abords d’une école. Les piéton·nes peuvent circuler sur la chaussée, sans y stationner, et bénéficient de la priorité sur l’ensemble des véhicules (automobiles, motos – limitées à 20 km/h -, cyclistes).
Plusieurs grandes villes européennes mettent par exemple en œuvre un système de maillage qui consiste à donner un statut de quartier apaisé à la totalité de l’espace des quartiers bordés par le réseau des grandes artères, 24 heures sur 24. À l’intérieur de ces mailles, à l’instar des zones de rencontre :
- la vitesse des voitures est limitée à 20 km/h, c’est-à-dire que la circulation n’est pas arrêtée mais ralentie ;
- les piéton·nes, cyclistes et automobilistes se partagent l’espace public ;
- les enfants ont le droit de jouer dans la rue.
Un parvis scolaire, quant à lui, n’est pas véritablement une rue scolaire, mais une possibilité de dégager un espace généreux, confortable, voire ludique devant une école située le long d’un boulevard ou d’une rue très circulée, comme c’était le cas, très minimaliste, de l’ex-école de la République.
La nécessité de réaliser ces aménagements nous rappelle que, depuis trop longtemps en France, les enfants ont été cantonné·es à des espaces dangereux pour se déplacer et des espaces normés et sécurisés pour jouer, qui ne leur permettent pas de prendre de risques mesurés, nécessaires à leur développement. De nouvelles habitudes doivent se développer, basées sur la vie de quartier, les limitations de vitesse, la redécouverte du plaisir de marcher et la rencontre des autres, dans des environnements propices, des parcs d’aventures, des espaces urbains de friche, des aires de jeux stimulant la créativité, pour grandir de manière harmonieuse et devenir des êtres épanouis autant que des citoyen·nes éclairé·es, prêt·es à bien vivre ensemble.
La généralisation des rues scolaires pourrait encourager les municipalités à élargir par la suite les périmètres de circulation afin de les rendre sûrs et agréables, et ainsi faciliter les trajets à vélo et à pied dans les années à venir, pour le bien-être de tou·tes les habitant·es et celui de la planète.
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