Couppourcoup #1
#transitiondémocratique

Un Conseil Municipal déserté par la politique : absence de vision, soumission à la comptabilité néolibérale et basses attaques éculées

Exercer sa citoyenneté mais risquer 135€ d’amende?

Les conseils se suivent et se ressemblent. Cela commence par une minute de silence. Cette fois c’est pour Giscard, un homme d’État rappelle la première magistrate. Soit.

Ensuite, madame la Maire « encourage » les habitant·es, électeur·trices, citoyen·nes à s’intéresser à la vie municipale : « Je remercie le public, mais il doit savoir qu’il est ici à ses risques et périls, et qu’il n’a pas de dérogation au sujet du couvre feu ». On en a froid dans le dos. Suivre la vie démocratique locale ne devrait pas nécessiter de prendre des risques. Surtout quand il n’aurait pas été compliqué de faire un imprimé dérogatoire pour le public présent, ni de faire une retransmission.

Mais on sent bien que pour madame Thoraval le Conseil Municipal (CM) est une pure formalité. A l’image de ce qu’a fait un peu plus tôt en Conseil Régional Laurent Wauquiez, annonçant le vote des délibérations et le rejet des amendements de son opposition avant de s’apercevoir que le système de vote était en panne !!

Une formalité démocratique le Conseil Municipal en public ? Comme les isoloirs dans les bureaux de vote ? Oui la démocratie s’encombre de formalismes et de sécurités, c’est même précisément à cela qu’on la distingue des autres systèmes politiques !

Bien comprendre qui gouverne : surtout les règles comptables !

Après ces préalables, le Conseil Municipal démarre avec le rapport définitif de la Chambre Régionale des Comptes (CRC). Une fort longue intervention du DGS (Direction Générale des Services) qui lit un diaporama. Le temps consacré à ce sujet est hors de propos par rapport au vote du budget prévisionnel, qui suivra et sera expédié en quelques minutes (on parle alors en millions d’euros, pourtant).

Madame Thoraval fait comprendre à son opposition, et ce pour la x millionième fois, que si il y a quelques remarques sur sa gestion, c’était tellement pire avant : un cabinet de 7 personnes, dans une ville où seules 3 personnes peuvent bénéficier du statut de collaborateur·trices d’élu·es ce n’est pas grave il y en avait plus avant son arrivée ! Pour traduire : d’autres faisaient pire, mais je fais moins pire, alors vous n’avez pas le droit de me dire quelque chose !

Comme à son habitude le rapport de la CRC glorifie ce que la majorité estime être une « bonne gestion » : réduire les dépenses de fonctionnement et si possible les effectifs. C’est donc le crédo de madame Thoraval. Partout ? Enfin pas pour la police municipale qui a vu ses effectifs croître significativement .

Une saine gestion des deniers publics c’est une bonne chose mais laisser croire que c’est le seul indicateur des politiques publiques, c’est un scandale. Un scandale qui se traduit encore cette année par une réduction des crédits du CCAS de 50 000€, alors que tant de nos voisins et voisines ont été affaibli·es et précarisé·es par la crise sanitaire. Si c’est bien dans l’esprit de la demande de la CRC, est-ce de cela que les Romanais·es ont besoin ?

Dans le passé, les villes ouvrières comme Romans ont souvent soutenu financièrement les ouvrier·ères pendant les longues grèves. Ce n’était pas de la « bonne gestion » au sens de la CRC ou de madame Thoraval, mais cela s’expliquait politiquement. Aujourd’hui au Conseil Municipal de Romans c’est un fonctionnaire qui présente la réponse au rapport de la CRC et dans l’opposition c’est un ancien DGS de la ville qui répond !

Il serait temps de redonner un peu de sens politique à l’action municipale

Car à notre grande surprise, dans un moment particulièrement cocasse, Alain Villard, l’ancien DGS devenu élu, donne un satisfecit à la Maire au sujet de la dette ! Bien mal lui en a pris, il se prend une volée de bois vert : « Ce n’est pas ce que vous avez dit pendant la campagne électorale ». Une fois lancée, madame Thoraval ne s’arrête plus de massacrer le pauvre conseiller. Parions qu’il se souviendra qu’il n’est pas suffisant de flatter madame la Maire pour obtenir ses bonnes grâces.

On arrive ensuite péniblement à ce qui aurait dû être le sujet principal du conseil : le vote du budget 2021. Il n’en sera rien. La délibération est votée en guère plus d’un quart d’heure alors qu’il s’agit de la délibération la plus importante de l’année car toutes les actions municipales en dépendront.

La délibération est présentée ou plus exactement lue par la conseillère municipale à «  l’optimisation budgétaire ». Aucun·e autre élu·e de la majorité ne prendra la parole. Seule la maire poursuit son one woman show. Si bien qu’au moment de partir pour cause de couvre feu on aura entendu un plus grand nombre d’élu·es de l’opposition s’exprimer que d’élu·es de la majorité. Il faut dire que lorsque la première adjointe prend la parole pour répondre à Isabelle Pagani, elle se contente de répéter des « je ne peux pas vous laisser dire cela » : on attend toujours les arguments.

Si la majorité municipale se contente de faire de la figuration, c’est prendre des risques sanitaires pour pas grand-chose (-;) !

Enfin, notons ici quelques « perles » : Thomas Huriez, que l’on a connu mieux inspiré, après avoir défendu plus de social réclame une baisse de la taxe foncière, seul impôt sur lequel la Ville a encore la main directement (on appelle cela la fiscalité « directe »). Madame la Maire lui répondra qu’elle comprend le souci de Thomas de défendre les plus démuni·es des Romanais·es mais que ce ne sont pas ceux·celles-là qui paient la taxe foncière et cette dernière utilise alors l’expression « se faire déborder sur sa gauche ». Autant pour le transpartisianisme si cher à Passionnément Romans.

Pour autant, brave, Thomas Huriez remet le couvert en critiquant le projet de découverture de la Savasse, sans projet de parking de remplacement.

Las, il est 19h45, nous partons de ce Conseil Municipal avec une amère impression sur le fond (pour la forme voir notre aventure à la recherche des informations), celle d’une vision commune de la majorité et de l’opposition qui se résume, dans ce CM, à réduire les impôts et conserver toute sa place à la voiture. Ce Conseil Municipal manque cruellement de vision politique globale, de défense locale des enjeux écologique, sociaux et démocratiques et de contradicteur·trices pour les porter.

Conseil Municipal du 15 décembre 2020 filmé dans son intégralité par le Collectif pour Romans

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