Coupdeprojecteur#12
#justicesociale, #transitionécologique

Romans “Ville amie des enfants” : 2 mois pour révolutionner la Ville ! (partie 4)

Détruire pour mieux reconstruire ?

Depuis 7 ans, la municipalité détricote tout ce qui avait été inventé pour soutenir les familles et leurs enfants : la ville a diminué les dotations et les dépenses… et continue à le faire, comme on l’a découvert ce mois de janvier avec la décision municipale de fermer les 48 places de la partie “vacances” du centre de loisirs des 6/11 ans (voir notre Coup de Projecteur#11).

Elle aurait pu faire le choix d’avoir de vrais parcs de jeux sans gaz d’échappement, de réfectionner les trottoirs au-delà de la place Jean-Jaurès ou de mettre en place des pistes cyclables pour que les enfants, leurs parents et leurs assistant·es maternel·les circulent en toute sécurité à vélo jusqu’à leur école, au conservatoire ou à la médiathèque… 

Ⓒ Collectif pour Romans / Quand on s'éloigne du centre-ville,
les trottoirs sont laissés à leur triste sort.

La ville aurait pu avoir l’idée d’offrir un peu plus qu’une pomme bio dans les repas de la cantine ou d’éliminer les repas réchauffés dans du plastique avant d’y être contrainte. Elle aurait pu aussi développer des programmes culturels et sportifs ambitieux, mettant en valeur les acteurs locaux et notre proximité avec la nature en général et le Vercors en particulier. Elle aurait pu soutenir les écoles dans leurs projets de jardinage, faciliter l’installation du centre médico-scolaire, épauler les familles qui ne trouvent pas de médecin traitant pour leurs enfants, offrir une formation aux personnes employées pour les temps périscolaires, recruter des ATSEM.

La ville aurait pu faire le choix d’accompagner les changements de pratiques pour les transports scolaires (plus de 7 enfants sur 10 vont à l’école en voiture, même si elle se trouve à moins de 1 km de leur maison…), elle aurait pu sensibiliser la jeunesse à l’environnement à l’occasion de chaque Fête de la Nature, Fête de l’Eau, Journée de réduction des déchets, etc, en animant des ateliers. Elle aurait pu encourager l’activité physique des enfants en installant des jeux (on dit “plaine de jeux” dans les villes qui prennent soin de ces espaces) et des city parks dignes de ce nom dans chaque quartier de la ville.

Un des jeux de plaine installés au Parc Jouvet

Non. Malgré les nombreux possibles pour prendre soin de la jeunesse, les choix de la mairie continuent d’être déconnectés des besoins des enfants ! Hier diffuser des publicités de Disney à la cantine et faire intervenir Nike pour des animations périscolaires, aujourd’hui diminuer les places de centre de loisirs pour les vacances des 6/11 de la Ville et annuler le spectacle de Noël traditionnellement offert aux écoles élémentaires sans faire profiter les enfants de cet argent non dépensé : un budget supplémentaire pour les futures sorties ? un spectacle à l’école ? un abonnement ? du matériel pédagogique ? les besoins ne manquent pas, pourtant !… À la place, la mairie propose généreusement aux 6-18 ans connecté·es de répondre à un questionnaire Unicef en ligne !

Notons au passage que les 0-6 ans ne sont même pas évoqués, eux qui ont déjà de moins en moins d’atsem dans leurs écoles maternelles… (voir CDP#10 “Romans Ville amie des enfants” partie 2) et qui n’ont aucun espace naturel sécurisé dans la ville (le parc Edith Piaf était le dernier bastion et s’est retrouvé “engrillagé” depuis quelques mois…). A chacun·e d’aller constater où en sont les parcs de jeux pour les petits : toute la publicité a été faite sur celui du champ de Mars, oubliant que, bien plus généralement, les jeux usagés ne sont pas remplacés et la plupart des parcs de jeux ont la même allure depuis de très nombreuses années…

Ⓒ Collectif pour Romans / Les jeux aussi ne sont pas
pas remplacés, même après des années de bons services !
Un espoir pour que la Ville rattrape son retard en quelques semaines ?

Pour positiver, nous pouvons nous dire que les services municipaux seront forts occupés jusqu’à la mi-avril (dernière date d’audition possible pour attribuer le titre Ville amie des enfants). En effet, il leur faudra certainement être créatifs pour répondre aux nombreuses questions du formulaire

Concrètement les villes qui souhaitent candidater doivent répondre aux 5 engagements suivants :

  1. Assurer le bien-être de chaque enfant à travers une dynamique publique locale favorisant et accompagnant son épanouissement, son respect et son individualité ;
  2. Affirmer sa volonté de lutter contre l’exclusion, contre toute forme de discrimination et d’agir en faveur de l’équité ;
  3. Permettre et proposer un parcours éducatif de qualité à chaque enfant et jeune de son territoire ;
  4. Développer, promouvoir, valoriser et prendre en considération la participation et l’engagement de chaque enfant ;
  5. Nouer un partenariat avec UNICEF France pour contribuer à sa mission de veille, de sensibilisation et de respect des droits de l’enfant en France et dans le monde.

Pour cela, elles doivent a minima choisir une recommandation par engagement (soient 5 sur 13 possibles en tout) et définir un plan d’action pour l’enfance et la jeunesse.

Nous sommes impatient·es de savoir ce que la mairie pourra inventer comme réponse aux questions suivantes :  

Justice sociale :
  • La Ville met-elle en place un dispositif spécifique de santé auprès des enfants et des jeunes ?
  • Y a-t-il une politique d’inclusion des enfants porteurs de handicap sur la ville ?
  • La Ville prend-elle en compte l’égalité d’accès aux loisirs et aux espaces publics pour les filles comme pour les garçons
  • La Ville favorise-t-elle l’accès aux accueils de loisirs, à la culture et au sport à tous les enfants, y compris les plus éloignés socialement ?
  • La Ville soutient-elle une politique culturelle, sportive et de loisirs associatifs en direction des enfants et des jeunes, notamment par l’attribution de moyens et d’équipements ? 
  • Existe-t-il des dispositifs mobiles pour permettre l’accès à la culture, au sport, aux loisirs dans tous les quartiers ? 
  • La Ville ouvre-t-elle les portes de ses crèches, accueils de loisirs et de sa restauration sans critères spécifiques (par exemple l’obligation que l’un des deux parents travaille) ? 
  • Quel est le budget alloué à l’éducation, aux associations culturelles, aux associations sportives
  • Mettez-vous en place ou soutenez-vous des actions pour améliorer le climat scolaire et lutter contre le harcèlement
  • La politique tarifaire des activités (accueils de loisirs, restaurant scolaire, musique, sport) va-t-elle jusqu’à la gratuité pour les publics les plus vulnérables ? 
  • Mettez-vous en place des actions visant à faciliter l’accès à l’école pour les familles les plus éloignées ? 
Transition écologique :
  • La Ville a-t-elle fait le choix de proposer une alimentation durable dans ses restaurants scolaires (politique agricole et foncière, achats et approvisionnement, recrutements, éducation nutritionnelle…) ?
  • La Ville a-t-elle fait le choix de mener ou soutient-elle un plan d’action spécifique lié à la nutrition et à la bonne santé physique des enfants ?
  • La Ville soutient-elle des opérations de sensibilisation aux comportements durables auprès des enfants ? 
  • Favorisez-vous les déplacements doux (vélo, pied), les transports en commun, l’intermodalité ?
  • Pensez-vous les espaces verts en fonction des demandes des enfants ? 

C’est à se demander quelle mouche a piqué Romans de se sentir concernée par un tel titre !

Voilà les parents rassurés !
Ⓒ Collectif pour Romans / Le parc Pouchelon, un bel espace non-exploité.

      Le document de l’Unicef va donc demander à la Ville de Romans, d’ici mi-avril, d’élaborer un plan d’action municipale 2020/2026 pour les enfants et les adolescent·es. Les technicien·nes de la Ville risquent de peu dormir les prochaines semaines pour réinventer tout ce qui a été décousu les années passées et pour rattraper toutes les occasions perdues de se préoccuper réellement de la jeunesse…

      Quoi qu’il en soit, Unicef ou pas, gageons que ce nouveau titre brigué par la Ville de Romans ne permettra pas aux enfants, ni à leurs parents, d’oublier leurs soucis quotidiens, ni de gérer leur angoisse du monde de demain. A Romans, pour le moment, la Ville n’est pas d’un grand secours pour leur apporter de l’aide.

      A noter que le titre “Ville amie des enfants” se décline aussi au niveau intercommunal… mais rien de bien reluisant ne semble se profiler au niveau de Valence Romans Agglo, où le projet phare continue d’être une piscine de bord d’autoroute plutôt que la santé des enfants… 


      1 commentaire

      ALC · 23 février 2021 à 9 h 20 min

      Super article ! Merci pour toutes ces précisions et infos !

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